Les astronomes professionnels n’ont pas souvent l’occasion de disposer de créneaux d’observation sur les télescopes. Afin de suivre les astéroïdes gravitant à proximité de l’orbite de la Terre (les NEO’s : Near Earth Objets), les professionnels font appel à la puissance de la communauté des astronomes amateurs pour suivre certains astéroïdes. Cette mission porte un nom : "Target Asteroids !"
Il ne s’agit pas ici de réaliser des observations d’occultations d’étoiles mais bien d’observer directement les astéroïdes.
Qui peut participer ?
En théorie, tout le monde peut participer. Cependant, il faut un minimum de matériel : un télescope de 20 cm de diamètre minimum, une caméra CCD, un logiciel pour l’astrométrie, une connexion internet. L’association Dinastro possède justement tout le matériel nécessaire pour réaliser ce programme d’observations. [1]
Comment participer au programme ?
Il faut remplir le formulaire de participation.
Sous une semaine, la confirmation d’enregistrement au programme vous est envoyée. Après confirmation, il devient possible de joindre la liste de diffusion du projet afin d’échanger avec les autres observateurs du programme. Une lettre d’information périodique vous est envoyée.
Quels objets observer ?
Une liste des objets à observer est mise en ligne et est actualisée au minimum tous les ans. Il devient alors possible de planifier quels astéroïdes observer, en fonction de son lieu d’observation et de la date. La visibilité d’un astéroïde peut facilement être déterminée avec C2A. Un outil en ligne a aussi été mis en place.
Quelles données faut-il enregistrer ?
Une observation consiste à réaliser au moins 3 images d’un astéroïde (centré sur le cliché) acquises sur une demi-heure ou plus. (Ce qui équivaut à une image toutes les 10 minutes au minimum). Il faut aussi produire les fichiers suivants (au moins un des 3) : astrométrie, photométrie et spectroscopie. Une aide méthodologique est fournie concernant l’astrométrie et la photométrie.
Quelles précautions prendre ?
- Il faut être sûr d’observer le bon astéroïde.
- 12 étoiles de référence doivent se trouver dans le champ du cliché pour les calculs astrométriques et photométriques.
- Ne pas dégrader l’image par des traitements numériques.
- Placer l’astéroïde au centre du champ de la caméra.
Quel protocole faut-il respecter ?
Il faut noter les informations basiques : l’heure et la date (à la seconde près), l’objet observé, la latitude et la longitude du point d’observation, au dixième de seconde de degré. (Coordonnées en WGS84 a priori.)
L’observateur doit fournir son nom, son email, son code MPC s’il en possède un, le nom des observateurs l’ayant aidé.
Lors de l’observation, il faut nécessairement produire un flat-field (plage de lumière uniforme) et une soustraction par un "dark" (image prise avec actuateur fermé afin de faire apparaître des défauts du capteur imageur) ou un "bias" (offset, permettant de faire apparaître les défauts liés à l’électronique de la caméra). Il faut également indiquer les caractéristiques du télescope (type, focale, diamètre, etc.), le modèle et la marque du capteur CCD, les filtres utilisés (vert ou rouge). Pour les observations photométriques, il faut spécifier le catalogue d’étoiles utilisé. Attention, l’utilisation de l’anti-blooming sur une caméra est proscrite.
Comment envoyer ses données ?
Les données sont à déposer sur ce serveur FTP.
Les données doivent avoir un nom qui respecte une syntaxe bien particulière :
Observateur_Objet_AAAAMMJJ_HHMMSS_Clé(TA ou TNEOs).FIT
Il faut aussi envoyer les données astro/photométriques par email à Target_Asteroids@lpl.arizona.edu en utilisant le format des rapports standardisé par le MPC. Il existe des logiciels qui permettent de générer automatiquement ce rapport au bon format.
Quelles limites ?
Sans aborder les limites d’observation liées à la météo, les objets à observer ont des magnitudes rendant l’observation difficile. La plupart des objets à observer dépassent magnitude 20. Ce qui nécessite de faire de très longues poses, et donc d’avoir un système d’autoguidage performant. La caméra doit également être bien refroidie pour éviter au maximum le bruit électronique.
Les premiers tests ne devraient pas tarder à être effectués !
Commentaires